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Le succès du démarrage commercial du Plan d’épargne retraite issu de la loi Pacte est indéniable. Son extrême complexité l’est tout autant, démontrent dans une tribune Nicolas Schimel et Paul Younès de la société Filib’. Plus de 100 combinaisons d’épargne sont possibles…

 

Le nouveau Plan d’épargne retraite (PER) issu de la loi Pacte (mai 2019) semble bien parti pour être un succès commercial. Selon les chiffres du mois de juin 2020 de la Fédération française de l’assurance, près de 210.000 contrats PER individuels avaient déjà été souscrits un an après son lancement. C’est bien mieux que ses prédécesseurs le plan d’épargne retraite populaire (PERP) et le Madelin (désormais fermés à la commercialisation) qui chaque année s’écoulaient respectivement à hauteur de 100.000 et de 60.000 contrats.

La seconde partie de l’année 2020 a été marquée à la fois par une accélération des versements et par la transformation en PER entreprise de plus d’un ancien « Perco » (plan d’épargne pour la retraite collectif) sur trois. Malgré les conditions dramatiques qui favorisent l’épargne de précaution, et le report de la réforme des retraites, les objectifs ambitieux du gouvernement ne sont pas hors de portée.

Un produit innovant, mais complexe

Ce succès du PER est mérité car ce nouveau cadre réglementaire de l’épargne retraite apporte de vraies avancées par rapport à ses versions antérieures : une plus grande souplesse d’utilisation, une portabilité des droits, une harmonisation des règles. Enfin un actif peut véritablement construire sa retraite « supplémentaire » dans la durée et quelle que soit sa carrière future. Toutefois, si le nouveau PER vise à unifier les strates de produits existants, il ne les fait pas toujours disparaître et agrège hélas leurs complexités.

A l’instar d’un Rubik’s Cube, il comporte trois axes verticaux représentant les types de produit et trois axes horizontaux correspondant aux modes de versement. Les axes verticaux désignent :

– le PER individuel, dit « Peri », qui remplace le PERP et le Madelin (pour les indépendants) ; – le PER collectif, ou Pereco, pour l’épargne salariale. Il correspond à l’ancien Perco ;

– le PER obligatoire – Pero -, qui bénéficie à certains salariés lorsque l’entreprise le prévoit (l’ex-article 83)

Sécuriser sa retraite : les atouts et limites du PER

A leur tour, les axes horizontaux forment des compartiments. Les versements effectués librement par l’épargnant alimenteront le compartiment 1, ceux issus de l’épargne salariale (intéressement, participation, compte épargne-temps, abondement de l’entreprise, …) alimenteront le compartiment 2 et les versements obligatoires du salarié ou de l’employeur alimenteront le compartiment 3.

A ces deux axes orthogonaux, s’additionnent plusieurs « couleurs » disons le bleu et le rouge, selon que le PER est un contrat d’assurance ou un compte titre, le jaune et le vert s’il est en gestion libre ou pilotée.

La fiscalité fonctionne, en partie, de manière indépendante aux deux axes principaux puisqu’elle peut être conditionnée par le motif de sortie, le montant accumulé ou la couleur.

Enfin, il est possible d’« importer » une face de ce « Rubik’s Cube » provenant d’une version plus ancienne du jeu, c’est-à-dire de transférer un ancien produit dans le nouveau cadre.

Pas de combinaison gagnante

Le PER est par conséquent d’une insigne complexité, fruit d’un compromis entre nouveauté et produits anciens, d’un enchevêtrement de règles fiscales et de traces des luttes d’influence entre les acteurs. Si le nombre de combinaisons n’est pas aussi élevé que pour le Rubik’s Cube, elles sont tout de même supérieures à 100, en comptant les différentes options de sortie mais sans intégrer les infinies possibilités d’allocation de son épargne sur les fonds en gestion libre.

A la différence du casse-tête popularisé dans les années 1980, le PER ne comporte pas de solution unique. La bonne combinaison dépend de la situation personnelle de son titulaire, de son horizon de temps et de ses objectifs.

C’est pourquoi la réussite de ce nouveau cadre réglementaire ne se résume pas à son volume de ventes, mais à la compréhension et l’appropriation du dispositif par ses bénéficiaires qui sauront en tirer le maximum de valeur et d’utilité en lien avec leur situation personnelle.

Auteurs : Nicolas Schimel (cofondateur et président de la société Filib’), Paul Younès (associé chez Filib’)

Tribune publiée le 11 février dans Les Echos 

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Post Author: Le Blog de la Téléconsultation Financière

Filib' : la téléconsultation financière pour les salariés

3 Replies to “Épargne retraite : le PER, quel casse-tête ! Tribune dans les Echos”

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